Le paysage médiatique allemand est caractérisé par une grande diversité de journaux, chaînes de télévision et stations de radio, reflétant une pluralité d'opinions et jouant un rôle central dans la démocratie du pays.
ce qui fait de ce pays le plus grand marché TV d'Europe
Parmi la diversité de ce paysage médiatique, nous retrouvons :
- +300 stations de radio publiques et privées
- 327 quotidiens
- 20 hebdomadaires
- 6 journaux allemands dominicaux
- Au total, environ 1600 magazines
Les plus grands groupes médiatiques comprennent Axel Springer, Bertelsmann ou encore ProSiebenSat.1. En Allemagne, contrairement à d'autres pays européens, la confiance de la population envers ses médias est forte, notamment envers les chaînes publiques telles que ARD et ZDF et les médias locaux, le paysage médiatique étant considéré comme garant des droits humains et de la liberté d'expression, en tant que pilier de la démocratie.
Cependant, à l'ère du numérique, il est évident que la presse allemande subit chaque année des impacts économiques face aux géants d'internet, comme Google et Meta. Cela n'empêche toutefois pas les Allemands, forts de leur héritage d'indépendance éditoriale, de défendre la liberté de la presse allemande, qui, bien que bonne, se retrouve menacée.
agressions envers des journalistes, soit le double par rapport à l'année 2023
Cet article va donc décortiquer le paysage médiatique allemand d'un peu plus près, ce qui favorisera votre immersion en allemand.
La presse écrite en Allemagne
Les quotidiens nationaux et régionaux
Dans ce tableau, vous découvrirez trois grands quotidiens nationaux allemands :
| Quotidien | Type / Périodicité | Année de création / Siège | Propriété | Orientation éditoriale | Tirage / Diffusion | Particularités |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) | Quotidien national | 1949 / Francfort-sur-le-Main | Fazit-Stiftung (≈93,7 %) | Libéral-conservatrice, centre-droite | N/C pour 2024 (tirage en baisse depuis 2001) | Journal de référence, réseau de +90 correspondants dans le monde |
| Süddeutsche Zeitung (SZ) | Quotidien national | 1945 / Munich | Süddeutsche Verlag GmbH (81 % SWMH, 19 % Friedmann) | Progressiste-libéral, centre-gauche | 320 159 (print, 2020) / 90 998 (digital) | Journalisme d’investigation (Panama Papers, Pulitzer partagé) |
| Die Welt | Quotidien national | 1946 / Hambourg, siège à Berlin | Axel Springer SE | Conservatrice, libérale cosmopolite | ~126 304 exemplaires (dernier chiffre dispo), audience numérique 19–22 M utilisateurs / ~225 000 abonnés numériques | Membre de LENA, stratégie « online first » |
Outre ces quotidiens nationaux, il est essentiel de comprendre que, au sein de la presse allemande, les quotidiens régionaux jouent un rôle central dans l'accès à l'information locale. Ce sont ces journaux allemands qui sont garants des informations, et qui les vérifient, les filtrent et les contextualisent avant de les publier. Bien que, en tant que presse écrite, ils subissent la crise économique due aux technologies numériques, leur effondrement représenterait un danger pour la démocratie locale.
Voici deux exemples de quotidiens régionaux :
Quotidien régional
Schwäbische Zeitung, 1945
L'un des principaux quotidiens régionaux en Bade-Wurtemberg, ayant vendu en 2023 quelque 159 354 exemplaires.
Quotidien régional
Rheinische Post, 1946
Quotidien dominant dans l'ouest de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, avec environ 280 000 exemplaires vendus en 2018 et une forte présence numérique.
Vous le comprenez, le rôle d'un quotidien régional en Allemagne, c'est bien plus que l'accès à l'information : c'est la garantie de la démocratie.
Les hebdomadaires et magazines
En dehors des quotidiens, les hebdomadaires ont également très bonne réputation et possèdent la confiance du public. En voici trois d'entre eux :
| Publication | Type / Périodicité | Année de création / Siège | Propriété | Orientation éditoriale | Tirage / Diffusion récente | Particularités fidèles à sa ligne | Thématiques principales |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Der Spiegel | Hebdomadaire d’information | 1947 / Hambourg | Spiegel-Verlag Rudolf Augstein GmbH & Co. KG | Centre-gauche modéré, critique du pouvoir | ~724 000 exemplaires (2022) ; >6 M lecteurs/semaine (papier + numérique) | Réputation pour l’investigation, Spiegel-Affäre, scandal Relotius 2018 | Politique, économie, société, sciences, culture, santé, médias, sport |
| Stern | Hebdomadaire illustré | 1948 / Hambourg | Gruner + Jahr (Bertelsmann) | Centre-gauche / libéral-progressiste | ~328 760 exemplaires (2022) | Photojournalisme marquant, campagnes sociales (ex. «Wir haben abgetrieben!») | Politique, société, culture, people, reportages, portraits |
| Focus | Hebdomadaire d’information | 1993 / initialement Munich, rédaction à Berlin depuis 2015 | Hubert Burda Media | Bourgeois conservateur (termes employés par les spécialistes), centré sur les faits | ~240 330 exemplaires (janv. 2024) | Graphiques, formats courts, orienté consommation moderne | Politique, économie, vie quotidienne (famille, santé, finances, carrière) |
De leur côté, les magazines complètent à merveille les hebdomadaires et autres journaux allemands. En effet, ils proposent des analyses approfondies concernant les actualités, analyses que les quotidiens et hebdomadaires ne peuvent pas se permettre de réaliser, car ils ont beaucoup de nouvelles à traiter.
Le magazine permet au lecteur de réellement former son esprit critique. L'objectif n'est donc pas seulement informatif, mais aussi éducatif
D'ailleurs, la tendance veut que les lecteurs soient plus engagés envers les magazines que pour les quotidiens et hebdomadaires, car le format adopté est plus ludique et varié, tel qu'avec des interviews plus longues, des photoreportages ou encore des enquêtes exclusives.
C'est aussi ce qui explique que des hebdomadaires ont opté pour un format magazine, tel que :
- Der Spiegel
- Stern
- Focus
En outre, lire ces journaux, c'est vous familiariser avec les expressions allemandes courantes !
La radiodiffusion allemande
Les chaînes de télévision publiques et privées
Rappelez-vous : 38 millions de foyers allemands ont la télévision et les grandes chaînes publiques ont la confiance de la population. Voyons d'un peu plus près la télévision allemande.
| Chaîne | Type | Année de création | Siège principal | Financement | Public cible | Audience (approximative) | Particularités principales |
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| ARD | Radiodiffusion publique fédérale | 1950 | Francfort-sur-le-Main | Redevance publique obligatoire | Population allemande | ~25–30 millions de téléspectateurs par semaine | Fédération de 9 chaînes régionales, chaîne nationale principale "Das Erste" |
| ZDF | Chaîne publique nationale | 1961 | Mainz | Redevance publique obligatoire | Population allemande | ~20–25 millions de téléspectateurs par semaine | Chaîne nationale offrant info, documentaires, divertissements |
| Deutsche Welle | Service international public | 1953 | Bonn | Financé par le gouvernement fédéral | Public international | Audience mondiale, difficile à chiffrer précisément | Multilingue, TV, radio et internet pour audience mondiale |
Quant aux chaînes privées de la télévision allemande, celles-ci ont commencé à se développer dans les années 1980, donc en RFA pour commencer. Contrairement aux chaînes publiques, leur contenu est plus commercial. Cela ne vous empêchera pas d'y trouver de l'information, mais également :
- Des séries
- De la télé-réalité
- Des jeux télévisés
- Etc.
D'ailleurs, ces chaînes percevant leurs revenus par les publicités, elles sont d'autant plus attentives à leurs audiences. Parmi les grands acteurs de ces chaînes de la télévision allemande, nous retrouvons RTL Group, ainsi que ProSiebenSat.1 Media.
Cela implique également que là où les chaînes publiques s'adressent à tous, les chaînes privées visent comme audience certains groupes de la population. Par exemple, la télé-réalité est davantage populaire chez les jeunes que chez les personnes âgées. Quoi qu'il en soit, ces chaînes privées ont l'avantage de proposer des formats qui diffèrent des chaînes publiques, ce qui permet aux Allemands d'avoir une offre variée de programmes télévisés.
En outre, certaines seront accessibles en ligne sur votre ordinateur, ce qui vous permettra de vous immerger à domicile !
Les stations de radio
Tout comme les chaînes télévisées, les stations de radio allemande sont variées, aux formats différents et peuvent être publiques comme privées.
Stations de radio allemande publiques
Pour assurer une couverture à la fois locale, régionale et nationale, les stations de radio publiques ont toutes été regroupées au sein de consortiums régionaux, tels que l'ARD. En écoutant l'une de ces stations, vous aurez accès à de l’information, à de la culture et à des programmes éducatifs, le tout accompagné d'émissions musicales diversifiées.
Stations de radio allemande privées
Au même titre que les chaînes télévisées privées, ces stations sont apparues au cours des années 1980 et proposent, elles aussi, des formats plus commerciaux, comme de la musique populaire et des talk-shows, tout en ciblant des segments d'audience spécifiques. Vous retrouvez par exemple "Energy", "Radio FFH" ou encore "Antenne Bayern".
Malgré la concurrence du numérique, la radio allemande est encore aujourd'hui un acteur majeur en Allemagne dans l'accès à l'information.
par personne en Allemagne
La radio allemande permet non seulement de se tenir au courant des actualités locales rapidement, mais en termes de culture, en tant que soutien de la musique locale, elle promeut les langues régionales et minoritaires de tout le pays.
La liberté de la presse en Allemagne
Cadre juridique et protection des journalistes
En Allemagne, la liberté d'expression, de la presse et de l'information est garantie par l'article 5 de la Loi fondamentale allemande (Grundgesetz). Dans cet article, vous trouverez le texte suivant :
Chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, l'écrit et l'image, et de s'informer sans entrave à partir de sources accessibles au public. [...] La liberté de la presse et la liberté d’informer par la radio et le film sont garanties.
Article 5 de la Loi fondamentale allemande
Mais le cadre juridique englobant la liberté de la presse est loin de s'arrêter à cet article. Dans l'optique de protection de la presse, mais aussi du public contre les fausses informations, un organisme a été mis en place en 1956 : le Deutscher Presserat, ou "Conseil de la presse allemande" en français. Il s'agit d'un organisme d'autorégulation volontaire qui a pour mission de veiller au respect des principes éthiques comme définis dans le Pressekodex, soit le Code de déontologie de la presse.
Le Conseil a comme fonctions :
- La promotion de la liberté de la presse
- La réception de plaintes de la population
- La poursuite légitime d'une enquête suite à une plainte contre le ou les médias concernés
- Dans le cas de la véracité d'une plainte, le Conseil peut effectuer des avertissements et des remontrances publics envers le ou les médias concernés
Vous l'avez probablement deviné avec le terme de "remontrances", mais le Conseil n'a aucun pouvoir juridique. En revanche, l'organisme est suffisamment respecté pour que son discours ait un poids éthique sur l'ensemble du secteur journalistique. D'ailleurs, si vous vous intéressez personnellement à ces questions, c'est aussi un moyen de découvrir les divers registres en allemand, tels que le registre juridique.
Défis contemporains
Au cours de ces dernières années, les menaces envers les journalistes en Allemagne sont de plus en plus fortes, notamment au moment de manifestations portant sur des sujets sensibles et qui divisent la société, tels que la question des réfugiés, de la pandémie ou encore de l'extrême-droite.
Lors de ces manifestations, il est fréquent que les journalistes soient victimes de violences verbales et physiques. Il arrive également que des campagnes de haine à l'encontre de journalistes soient mises en place sur internet et les réseaux sociaux.
Celles-ci peuvent prendre différentes formes :
- Insultes
- Harcèlement
- Menaces de mort
En plus de ces défis, il faut aussi considérer tout ce qui ne se voit pas, tel que les tentatives indirectes d'influence, d'intimidation ou encore de censure de la part de politiques. Ainsi, malgré un cadre juridique solide, les journalistes sont de plus en plus mis sous pression.
En outre, un élément dangereux qui contribue à cette insécurité est le fléau des fake news et de la désinformation, dont l'Allemagne est particulièrement touchée à travers les réseaux sociaux et certains sites d'extrême droite. La stratégie est celle-ci : utiliser des sujets sensibles comme les phénomènes migratoires et la guerre en Ukraine pour pousser la population à ne plus faire confiance aux institutions et médias traditionnels.
Pour combattre ce fléau, les médias ont renforcé le contrôle de la véracité des informations, et des plateformes ont été mises en place, comme Correctiv, qui a pour rôle de lutter contre la désinformation. De son côté, le gouvernement allemand a promulgué dès 2017 la loi NetzDG, qui force les plateformes à retirer leurs contenus illicites.
Les groupes de médias et leur influence
Principaux conglomérats médiatiques
Ce tableau d'une grande précision va vous présenter deux grands groupes de médias allemands à connaître, ainsi que leur influence dans l'ensemble du pays :
| Critère | Axel Springer | Bertelsmann |
|---|---|---|
| Fondation / Statut | Fondé en 1946, basé à Berlin ; société cotée en bourse, mais en cours de transformation en entreprise familiale. | Fondé en 1835, basé à Gütersloh ; détenu à 76 % par la famille Mohn via Bertelsmann Management SE. |
| Chiffre d'affaires | Environ 4 milliards € en 2023 ; plus de 85 % des revenus proviennent du secteur numérique. | Environ 20,2 milliards € en 2023 ; RTL Group représente plus d'un tiers des revenus du groupe. |
| Audience | Plus de 400 millions d'utilisateurs uniques par mois pour ses marques numériques. Bild : 504 millions de visites/mois ; Welt : 127 millions de visites/mois. | RTL Deutschland : part d’audience de 27,4 % chez les 14-59 ans en 2023 ; RTL+ : plus de 6 millions d'abonnés payants fin 2024. |
| Principaux médias | Bild, Die Welt, Politico, Business Insider, StepStone, Auto Bild, Computer Bild, Welt. | RTL, Vox, NTV, Stern, Der Spiegel, Gruner + Jahr, RTL+, Penguin Random House, Gruner + Jahr. |
| Propriétaires | Friede Springer (majoritaire) et Mathias Döpfner ; KKR et CPPIB détiennent environ 36 % via Traviata BV. | Famille Mohn (76 %) via Bertelsmann Management SE ; RTL Group est une filiale à 76 % de Bertelsmann. |
| Influence exercée | Influence significative sur l’opinion publique et les débats politiques, notamment via Bild et Politico. | Influence culturelle et politique notable, en raison de la portée de ses médias (télévision, presse, édition). |
Concentration des médias et pluralisme
Vous le devinez grâce au tableau que vous venez d'observer, la concentration de médias au sein de seulement quelques grands groupes, Axel Springer et Bertelsmann, mais aussi Funke Mediengruppe, invite à s'intéresser à la pluralité politique. Certains chercheurs ont en effet relevé que si les médias proviennent des mêmes groupes, alors l'ensemble des contenus pourrait être uniforme, et ainsi, diminuer la diversité des opinions.
C'est pourquoi l'Allemagne surveille cette concentration des médias et tente de la réguler de diverses façons :
- Un cadre réglementaire consistant à surveiller les concentration économiques dans les médias via Bundesnetzagentur (Autorité fédérale des médias) et Kommission zur Ermittlung der Konzentration im Medienbereich - KEK (Commission allemande des médias)
- Medienstaatsvertrag (loi sur les médias) qui concernent tant les médias privés que publics à varier son offre de diffusion
- La promotion et le soutien des médias publics, locaux et indépendants
En outre, les plateformes numériques telles que Google, Meta et YouTube s'ajoutent au débat, l'information (fausse ou vraie) étant largement diffusée, mais tout en échappant à la plupart des régulations nationales.
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