Le français ne se limite pas à l'écriture de la langue. On écrit le français, on le parle, mais on le mime également, dans le cas de la langue des signes française. Bien entendu la langue des signes en français est enseignée dans des cours de français lausanne spécialisés. La LSF, comme on la nomme, est utilisée en Suisse ainsi qu'en France. C'est tout ! Car oui, la LSF est bien une langue à part entière. Pourquoi parle-t-on de langue des signes française et non de langue des signes tout court ? Comment expliquer la langue des signes française ? C'est ce que Superprof se propose de vous faire découvrir en détail.
Historique de la langue des signes française
La langue des signes française, usitée donc en Suisse et en France uniquement, remonte en réalité à bien plus loin qu'au XXe siècle. Il est tout d'abord évident qu'il existe un certain pourcentage de personnes à la fois muettes et sourdes, ou bien uniquement muettes ou sourdes, depuis que l'humanité existe. Cependant, il faut remarquer que bien peu de penseurs en firent état d'âme avant une certaine et pas si lointaine période.
Si pour la plupart des penseurs antiques tels que Platon ou Aristote, le fait d'être muet ou d'être sourd ne permet pas d'accéder à la raison, ou encore de faire des anagrammes, la distinction entre le mutisme et la surdité ne sera que très tardive dans l'histoire de l'humanité. Le début de la Renaissance sera réellement la période durant laquelle on commença à y prêter plus d'attention.

C'est tout d'abord en France que l'on s'y intéressa en détail, avec l'abbé Charles-Michel de l'Epée le premier qui créa l'Institut National des jeunes sourds, en s'occupant lui-même de dispenser les cours de langue des signes française. Pour les personnes sourdes, il s'agit d'apprendre le français pas le biais de l'écriture, donc. La langue des signes connut ensuite des périodes d'interdiction, pour moult raisons (on pensait que cela favorisait la tuberculose chez les personnes sourdes, on estima que ce langage détériorait la langue française…).
Ce n'est que très récemment, finalement, que la Langue des Signes Française utilisée en Suisse et en France fut acceptée en tant que langue à part entière.
La LSF en Suisse
Ce n'est qu'en 2022 que la langue des signes française en Suisse fut réellement approuvée, pour être enseignées dans des cours de français à genève spécialisés, par le parlement fédéral du pays, avec notamment l'article 14, 3a, mentionnant que : "En complément des prestations de l'assurance invalidité, la Confédération peut soutenir les mesures prises par les cantons pour encourager l'utilisation du langage des signes et du langage articulé dans la formation scolaire et professionnelle des handicapés de la parole ou de l'ouïe et pour encourager les connaissances linguistiques des handicapés de la vue ».
Il n'y a pas que les personnes sourdes qui utilisent la LSF, bien entendu. Les personnes muettes, n'ayant donc pas accès à la communication vocale, utilisent également la LSF pour répondre et communiquer. Il existe également des personnes qui sont à la fois sourdes et muettes. Le canton de Genève est actuellement, en Suisse, le seul canton francophone qui reconnaît la LSF en tant que langue à part entière dans la Constitution Suisse.
Cependant, l'ensemble des cantons francophones de Suisse soutiennent activement la LSF, par le biais d'actions primordiales telles que :
- la rémunération d'interprètes pour traduire la LSF (cette rémunération est actée par la Confédération) ;
- la possibilité totale d'apprendre la LSF partout en Suisse pour les enfants et les jeunes ;
- la présence de la LSF sur moult écriteaux, données capitales (banques, votes…).
Les grandes différences notables entre le français écrit et la LSF
Bien entendu, il va sans dire que la grammaire des deux langues est différente. Si le français apparaît plus "linéaire", tout simplement parce que l'on place des mots les uns après les autres, la LSF permet de parler de plusieurs choses à la fois, en même temps. Ainsi, en utilisant la LSF, il est possible de signifier à la fois un mot par les gestes de la main, et en même temps un autre mot par les mimiques du visage ou simplement les gestes du visage.

La LSF est donc en ce sens plus rapide que la langue française. Egalement, on remarque que les mimiques sont extrêmement importantes en SLF, bien plus qu'en français "classique". Bien que nous ayons toujours tendance à fortement utiliser les mimiques faciales en parlant, en Suisse autant qu'ailleurs, les utilisateurs de la LSF en font une véritable grammaire et syntaxe. Ainsi, pour une question fermée (avec pour seule réponse possible oui ou non), les sourcils seront froncés pendant la formulation de la question.
Les locuteurs de la LSF utilisent beaucoup de repères visuels spatio-temporels, comme vous l'apprendrez durant vos cours de français en langue des signes, ce qui permet de comprendre beaucoup plus vite de qui l'on parle et de quel lieu, pour les enfants entendants notamment qui n'ont pas encore de bonnes bases de grammaire du français.
Là où le français "classique" dispose d'une plus grande liberté, c'est dans la suite des idées. En effet, bien que le français dans sa forme stricte impose le fameux "sujet + verbe + complément", il faut dire que nous demeurons tout de même libres d'énoncer différemment nos phrases. Ainsi, il reste possible de dire par exemple :
- "Je suis partie chercher du pain ce matin et il faisait bien froid quand j'ai rencontré Eloïse."
- Mais nous pouvons tout aussi bien dire : "J'ai rencontré Eloïse quand je suis partie chercher du pain ce matin, et il faisait bien froid."
- Ou encore : "Il faisait bien froid quand j'ai rencontré Eloïse en allant chercher du pain ce matin."
Et tant d'autres possibilités encore… En LSF, on place systématiquement en premier le repère spatio-temporel (temps), le lieu (le "décor"), le sujet, puis enfin l'action (verbe + COD/COI). Certains argots de français situent les éléments encore différemment !
La beauté du français rehaussée par l'usage de la LSF
Même sans parler oralement la langue française donc, la beauté de la langue transparaît au travers de la LSF. La façon de communiquer des personnes malentendantes ou sourdes étant totalement différente, on a souvent accès en tant que personne entendante à tout un univers imaginatif et déluré ! Les possibilités sont infinies en LSF, et on invente encore de nouveaux mots, sans cesse, dans cette langue du français.

Etant donné que les personnes utilisant la LSF sont forcées de sans cesse faire appel au visuel pour préciser leurs pensées, les personnes entendantes ressentent généralement une sorte de fascination pour la LSF. Nous n'utilisons pas aussi souvent les gestes, signes et mimiques visuelles pour nous faire comprendre, lorsque nous entendons. En effet, nous faisons passer beaucoup plus de messages par la voie orale que par la voie gestuelle et visuelle, contrairement aux détenteurs de la LST !
Ceci confère un véritable charme à la manière de communiquer des personnes utilisant la LST, car elles sont obligées d'être force d'imagination pour se faire comprendre. Mais surtout, elles ont une imagination beaucoup plus importante que la nôtre, généralement, et sont plus sensibles à la gestuelle humaine que nous ne pouvons l'être lorsque nous entendons.
Une forte présence du français dans la LSF
Le français demeure très présent dans la LSF. Beaucoup de signes et gestes sont empruntés au français classique, ce dernier provenant lui-même du francien. C'est-à-dire ? En réalité, bien que l'usage de la LSF soit basé sur le visuel essentiellement, on remarque que de nombreuses idées, de nombreux "mots", reprennent les mots du français classique. Ainsi, à titre d'exemple, les lettres de l'alphabet sont assez proches visuelles de ce que l'on écrit, des formes choisies pour écrire les lettres de l'alphabet.
Voici quelques exemples :
- le C : la main replie les doigts et laisse le pouce en bas, formant une sorte de C ;
- le H : on lève uniquement l'index et l'auriculaire, et on replie tous les autres, formant les deux barres verticales du H ;
- le L : on lève uniquement le pouce et l'index, laissant les autres doigts repliés, ce qui forme un L ;
- le O : on replie l'ensemble des doigts vers le pouce, formant un O ;
- le V : l'une des lettres les plus évidentes en passant du français classique au français de la LSF, car on lève uniquement l'index et le majeur, formant un V, le fameux "V" que l'on pratique souvent en cas de victoire ou de contentement ! ;

- le W : le W en LSF est effectué en relevant les trois doigts du milieu de la main, et en baissant le pouce et l'auriculaire, formant une sorte de W que l'on reconnaît bien ;
- le Y : il s'agit cette fois de lever uniquement les deux doigts aux extrémités de la main, formant une sorte de Y avec en plus le poignet continuant la forme et pouvant servir de branche au "Y", justement ! ;
- enfin, le Z : comme pour Zorro dans la série éponyme, on utilise en LSF le doigt pour dessiner un Z dans les airs !
La langue française des signes a encore beaucoup d'évolutions à voir venir, tout comme pour le français d'ailleurs (la langue changeant beaucoup avec l'art), et nul doute que cela ne fera qu'embellir le français et rajouter encore de la complexité à cette langue à part entière.