Chapitres
- 01. État des lieux linguistiques en Chine
- 02. Le Mandarin
- 03. Le Cantonais
- 04. Le “Wu”
Une question qui revient souvent pour les futurs expatriés en partance pour un long séjour en immersion en Chine... Dois-je parler le mandarin ou le cantonais ?
Cette demande en dit long sur la complexité du pays du Kung-Fu en termes de dialogue et de compréhension pour les étrangers.
En Chine, l’histoire millénaire de l’empire, le mouvement des populations et la culture n’ont pas eu raison des nombreuses langues et dialectes qui constituent le pays de la Terre du milieu.
Portant à confusion pour un élève en plein apprentissage du chinois mandarin, on retrouve pourtant une logique linguistique commune à toutes ces langues chinoises.
En effet, tout comme apprendre une autre langue latine comme l’espagnol ou l’italien pour un français, l'étude d’un autre “parler” chinois est passionnante tant les similitudes et particularités sont nombreuses.
Essayons de simplifier la tâche de clairvoyance pour mieux comprendre la structure linguistique chinoise afin d’éviter les idées reçues qui ont la vie longue et qui diffusent les préjugés, les fausses croyances et les affirmations erronées.
État des lieux linguistiques en Chine

Actuellement on relève 81 langues parlées en Chine. De quoi rendre un peu plus complexes les mots croisés...
Via différents niveaux de compétences écrites et orales, 55 minorités nationales utilisent leur propre langue. Les minorités utilisent parfois plusieurs langues en même temps pour communiquer (Vous me direz c’est idéal pour le “kamoulox” !)
49 langues - parmi ces 81 relevées en Chine - portent le nom de la nationalité qui l’utilise. Autrement dit, :
- la langue “han” est utilisée par les “han”,
- le “zhuang” par les “zhuang”
- et de même pour le “buyei”, le “dai”...
Attendez, ça se complique...
Sur les 32 langues qui restent au menu linguistique, l’appellation de celles-ci est totalement différent de la nationalité de leurs locuteurs. (Oui, je sais...)
Un exemple concret avec les 90 000 Tibétains qui ont pour langue maternelle... Wait for it... Le “gyarong” et non le “tibétain” !
Pas de panique ! La Chine opère sur un modèle de classification linguistique bien organisé qui sert à constituer un certain nombre de groupes de langues au sein de la famille chinoise.
Ce modèle de classification linguistique est basée sur des critères fondés sur la distance entre les langues et les dialectes, ainsi que d'autres conditions plus particulières comme l'histoire de la région, l'identité ethnique ou encore l'évolution de la nationalité en fonction de la langue.
Loin des mots, loin du cœur...
Parfois divisées en dialectes, sous-dialectes et en jargons, ces langues peuvent porter en leurs sein une distance dialectale qui perturbe les ambitions de communication de tout un chacun. (Qu’il est loin le temps de la tour de Babel...)
Pour cartographier le problème linguistique :
- Au Sud de la Chine on trouvera des langues minoritaires et dialectes si distants entre eux que les espoirs de dialogue sont aussi difficiles à surmonter que la muraille de Chine,
- Au Nord de la Chine, la situation est tout autre puisque les dialectes ont plus de similitudes entre eux et permettent par conséquent un plus grand spectre pour parler.
Le Mandarin

Quelle place a le mandarin dans l'histoire des langues chinoises ?
Pas besoin de vous faire une calligraphie, vous l’aurez compris, la première langue la plus parlée en Chine est le chinois mandarin ou 普通話/普通话 pǔtōnghuà (« langue commune ») ou encore 漢語/汉语 hànyǔ (« langue des Hàn », ethnie dominante en Chine) avec plus de 955 millions de locuteurs natifs.
On est loin des “amis” de votre compte Facebook si “populaire” à vos yeux...
Langue officielle de la République populaire de Chine depuis 1956, le mandarin était autrefois la langue des communautés chinoises vivant au Nord du Pays.
C’est pourquoi, pour les étrangers, quand on dit “apprendre le chinois” on parle généralement des cours de mandarin qui sont les plus demandés car cette langue est parlée (officiellement) par plus de 70% des Chinois.
Ce qu’on nomme aujourd’hui le “mandarin standard” est en réalité le mandarin de la région de Pékin où s'étaient autrefois établis les empereurs Ming. Souvent considérée comme la variante la plus standard de cette langue à la riche ancienne histoire littéraire, le mandarin de Pékin possède tout de même quelques spécificités dont l’accent notamment.
La variété des accents - plus ou moins marqués selon les cas et les régions - n’y change rien : toute la Chine parle le mandarin standard ! Notamment grâce au fait que le mandarin standard est enseigné dans toutes les écoles de Chine pour former les jeunes générations.
Par ailleurs, non seulement parlé en Chine, le mandarin compte aussi sur des locuteurs présents à Taïwan et à Singapour.
Langue utilisée pour le business, puisque seuls 25% des Chinois maîtrisent l’anglais, c’est donc malgré la difficulté des caractères chinois, de la phonétique pinyin et des tons que le mandarin poursuit sa conquête internationale.
Aujourd’hui la Chine, bien consciente de son pouvoir économique, tente de propager sa langue dans le monde via notamment le déploiement d’instituts Confucius - l'équivalent de l’Alliance Française - au niveau international.
Une ambition qui n’est pas prête de s'arrêter puisque, dès 2013, le chinois était déjà en 5ème position des langues enseignées à l'école en France derrière l'anglais, l'espagnol, l'allemand et l'italien.
Assez de données “démo-linguistiques” !
Dans ce grand pays, comptant plus de 1,3 milliard d’habitants, on parle parfois de la menace du cantonais qui viendrait détruire les plans des dirigeants communistes qui ont désigné le mandarin comme la langue “véhiculaire” de la nation.
Allons donc voir de quoi il s’agit pour ceux qui n’ont de notions du cantonais que le mot “riz” qui le précède...
S'il y a une langue chinoise à privilégier, c'est donc celle-ci !
Le Cantonais

Il fallait s’en douter, dans un pays aussi grand que l’actuelle Zhongguo (« le pays du Milieu »), le mandarin ne pouvait pas être la seule langue populaire...
En grande partie différente du mandarin, notamment en termes de structure, de caractères utilisés et de prononciation, le cantonais parlé par plus de 71 millions de locuteurs (Plus que les Français de France, imaginez !) est un terme à double sens.
Il désigne à la fois le groupe linguistique - dans lequel on recense de nombreux parlers - mais aussi la langue cantonaise qui s’est standardisée tout comme le mandarin.
On trouvera en cantonais :
- Des structures de phrases dont l’ordre diffère réellement du mandarin,
- Des usages grammaticaux qui proviennent de l’ancien chinois,
- Des particules post verbales plus grandes en nombres et plus affinées dans les détails qu’en mandarin.
Souvent associé aux caractères traditionnels, le cantonais actuel porte pourtant aujourd’hui en son sein les traces de la modernité et de la standardisation puisqu’il est majoritairement écrit avec des caractères simplifiés sur les forums, via la “correspondance” sms et sur les blogs de chinois continentaux cantophones.
Bien que peu d'étrangers sachent qu’il existe plusieurs langues en Chine, quelques sinophiles vouent un culte au cantonais - parlé à Hong Kong, Macaon dans les provinces du Guangdong, du Guangxi et en Asie du Sud-Est - plus que pour les autres langues et dialectes chinois.
En effet, parlé non seulement à Canton, mais aussi dans l’attractive ville de Hong-Kong et par une partie de la diaspora (notion que vous apprendrez peut-être en cours de chinois Paris, cours de chinois paris 13 ou cours chinois marseille), le cantonais possède une influence et une culture riche qui plaît au niveau international.
L’image du cantonais, renforcée par le cinéma cantonais, la musique cantopop et le statut mondial de Hong Kong laisse parfois perplexes les politiques qui pensent que cette langue pourrait représenter un danger pour le mandarin...
Peu importe, la plupart des chansons qui constituent la cantopop sont écrites en chinois mandarin standard et uniquement prononcées en cantonais. Ainsi, la langue cantonaise reste cloîtrée dans le stéréotype d'être une version “alternative” du mandarin uniquement différente de par sa prononciation alors qu’elle est en structure bien différente.
Aujourd’hui perçue comme la seconde langue vivante de Chine - en nombre de locuteurs - le cantonnais ne se pointe pourtant qu'à la troisième place en termes des groupes linguistiques juste après un certain groupe qu’on nomme le “wu”.
Découvrez également l'influence du chinois en Asie...
Le “Wu”

Issu du terme linguistique qui comprend de nombreux parlers, le Wu (吴语 / 吳語 / wúyǔ) est surtout connu pour abriter en son sein le “Shanghaien” ou la langue des habitants de Shanghai...
Parlé à Shanghai, dans le Jiangsu et le Zhejiang, le Wu comprend près de 77 millions de locuteurs et l’on pense qu’encore 7 à 8% des Chinois le pratiquent couramment.
Reconnu comme la seconde langue parlée en Chine, le “Wu” doit ce titre de langue de noblesse au fait, qu'à la différence du cantonais “standardisé”, il est resté constitué de nombreux dialectes individuels.
Tantôt perçu comme une langue à part entière, tantôt perçu comme un dialecte chinois, le Wu n’est pas vraiment accessible aux étrangers et rares sont les cours de mandarin et contenus qui vous incitent à son apprentissage.
Membre de la famille de langues “sino-tibétaines” - à l’instar du mandarin, cantonais et min - le Wu a subi une évolution phonique majeure au fur et à mesure des années.
En effet, autrefois constitué de 8 tons, qui ont fusionné pour n’en former que 5, le Wu contemporain ne s’utilise qu’avec 2 tons. Un phénomène linguistique rare quand on le compare au chinois mandarin.
Découvrez-en un peu plus sur les tons chinois...
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